MÉTAMORPHOSES

ETAPE DE TRAVAIL :

Le 8 juin 2018 à 20h30, au Chapiteau de La Fontaine aux Images.

RESIDENCES :

Du 21 janvier au 1er février 2019, à la Gare au Théâtre, Vitry sur Seine.

Du 18 au 20 février 2019, Aux Ateliers Médicis Clichy/ Montfermeil

REPRESENTATIONS : 

Les 5,6,9,11,12 & 13 avril 2019 

au Chapiteau de La Fontaine aux Images.




[SYNOPSIS]

Du vécu pour point de départ, mais là n'est pas la question.

S. est une femme, là n'est pas la question.

S. ne peut pas avoir d'enfant, là n'est pas la question

Elle est répudiée. Elle travaillera. Un petit poste en ambassade.

Elle voyagera. Elle connaîtra le monde.

S. rend visite à sa famille, qui la marie.

S. arrive en France chez son vieux nouveau mari.

La porte se ferme. Là commence la question.

Angoisses, Silence, vacuité, solitude, impasse, visions, fantasmes...

S. crée, elle produit, insatiable, peint, assemble, modèle.

S. est une bête, un animal, autour d'elle, des animaux.

S. continue à voyager, rêveuse lucide, dans l'ombre et les chimères

Au pays des merveilles, ses angoisses, ses intériorités, sa métamorphose.

Celle d'un mari, despote et maladif, et de sa longue transformation en taupe,

Un mari qui à mesure qu'il se déshumanise, nous livre son histoire,

Celle d'un humain tendrement misérable et de ses pérégrinations migratoires.


[ORIGINES DU PROJET]

En 2013, j'ai fait la rencontre d'une femme dans le cadre d'un projet que je menais avec l'association 360°SUD. Ô Sublime Déchet, le projet en question, proposait à un groupe de 25 adultes de Clichy sous Bois en parcours d'apprentissage de la langue française, une immersion dans l'art contemporain. Durant un an, je les ai accompagnés dans les musées et dans la pratique des arts plastiques avec un historien de l'art et une plasticienne. Un atelier nous a été mis à disposition, un grand local, voué à la destruction un an après. Durant cette période, les participants ont produit, créé, se sont exprimés sur les murs du local pour enfin monter une exposition de grande qualité. La thématique était la sublimation du déchet.

C'est alors que j'ai rencontré S. elle était une des seules à avoir depuis longtemps une production personnelle en dehors du projet, depuis longtemps. Son histoire m'a interpellée, ainsi que l'audace de ses productions, gratuites, sans prétention artistique et pléthoriques. De l'art Brut, tel que désigné par Jean Dubuffet.

D'autre part, mon parcours artistique personnel a toujours lié matière, théâtre, textes , volumes, media. Née dans le milieu du théâtre et des arts, de père metteur en scène et de mère plasticienne, mon orientation, ma formation, mes aspirations se sont frayées un chemin vers une pratique pluridisciplinaire où s'épanouit ma réelle identité artistique. Après détours et expériences théâtrales, je souhaite renouer ici avec mes premières amours, nourrie par mon expérience de direction artistique d'un lieu et d'une compagnie à Clichy sous Bois qui me confronte quotidiennement aux questions que soulève la présence d'artistes dans des espaces considérés comme au banc de la société.

J'ajouterais que la « contrainte » semble être le lien qui traverse, en filigrane, les disciplines que j'exploite, inspirée de courants littéraires qui continuent de me passionner. Mes dernières créations théâtrales sont empreintes de ce moyen de créer, et en sont souvent moteur. C'est quelque part, depuis que je dirige la compagnie La Fontaine aux Images, la ligne artistique qui se dessine avec et malgré moi. Dans Ouroboros, la contrainte a été, aussi bien dans l'écriture que dans la mise en scène, l'absence de l'espace et du temps, invitant anachronisme, métaphysique et existentialisme à parader avec l'absurde et le néant. Dans Chair & Ame, la disparition de l'altérité fait place a des jeux d'écriture abscons tels que des dialogues à la première personne du singulier pour un texte écrit exclusivement au féminin, où encore une scénographie proscrivant les angles (symbole phallique masculin) et prônant la courbe ( scénographie sculpturale à base de moulages des poitrines de 60 femmes volontaires). Dans Métamorphoses, c'est l'invention d'une langue étrangère dans un français absurde qui fait contrainte, tout comme la métamorphose animale qui ne doit pas entraver le jeu. 


[INTENTIONS GENERALES]

En contournant les thèmes sociétaux et culturels brûlants que soulève le témoignage de S., j'éviterai sciemment l'interprétation du parcours de cette femme. Je souhaite chercher la forme que prennent les sorties possibles de l'âme dans des situations d'impasse à l'épanouissement, inviter le sublime à défier la contrainte, la suffocation. Libérer les volutes de l'imagination salvatrice/salutaire, flirter avec l'animalité, exploiter les créations générées par la captivité toute relative de l'esprit...

A ce stade du projet, je sais que je veux éviter les écueils du pathos, d'une écriture psychologisante, ainsi que militante ou ostensiblement féministe. Même si une partie de la question réside dans la gestion du personnage de son angoisse, de son enfermement, de sa descente dans les affres de crises psychiques. Je veux mettre le curseur au niveau des solutions à la situation, qui s'exprimeront par la métamorphose et par la production plastique brute. De cette manière, je ne veux pas que l'on puisse deviner l'origine de S. ce qui pourrait être stigmatisant, et pas non plus faire de focus exagéré sur le traitement du mari envers elle, en veillant à une certaine neutralité. Je veux que l'angoisse soit traitée de manière fantastique, chimérique ou symbolique plutôt que dans la mise en scène de la souffrance. Métamorphoses

Quand à l'incursion des masques et manipulations dans le jeu, je souhaite qu'elle soit naturelle, sur le même plan que le jeu incarné, sur le même plan que les éléments plastiques ou vidéo. Je souhaite que la réalité et l'hallucination/illusion soient perméables, grâce à des conventions soignées au préalable.

Diverses conventions me semblent encore un peu abruptes, et nécessiteront je pense, un travail de recherche et d'écriture au plateau : Comment signifier, en écrivant en français, que les personnages parlent une langue étrangère et alternent avec le français au sein de l'action ? Cette question de la langue me paraît primordiale étant donné que la non connaissance de la langue française participe à l'enfermement de S. . J'ai choisi un jeu d'écriture pour marquer les dialogues en langue étrangère : Quand S. et le mari parlent leur langue commune, ils échangent des phrases absurdes, hors sujet, décalées et incompréhensibles, mais respectant le ton de leurs supposés réels échanges. Le contexte de l'action permettra au public de reconstruire le dialogue. Cette tentative devra être éprouvée afin de s'assurer qu'elle ne perde pas le spectateur et qu'elle ne sème pas plus de confusion qu'autre chose, surtout quand le couple se remet à parler français.

Quant à la métamorphose, elle coexiste avec l'irrésistible besoin de S. de produire des œuvres plastiques. La création plastique serait positive et le résultat d'une sublimation, tandis que la métamorphose resterait une solution d'urgence psychologique de l'ordre de la fuite d'une situation intolérable, du retrait en soi même, de la dégradation de sa propre nature humaine, de l'expression de la captivité subie, de la résilience... Le dénouement de la pièce serait l'occurrence des deux phénomènes de manière concomitante et vertueuse, création et métamorphose.

[MISE EN SCENE ]

Sur le plateau, S., son double et son mari. Focus interne - ou pas. S. est double. Sa conscience ? Le double est un personnage voilé, les mains dans la matière, plâtre, couleurs, matériaux. S. est bien obligée de vivre, malgré son enfermement. Son cloisonnement se manifeste par la scission : son double, apaisé, produit, modèle, peint, assemble, tout au long du spectacle, en parallèle de l'action. S. déblatère, s'épuise, tente de se faire comprendre, les murs se rapprochent d'elle à mesure qu'elle se débat. Usée, l'hallucination prend le pas, comme une réalité salvatrice. Son environnement se métamorphose petit à petit. Son mari se transforme véritablement en taupe, lui qui est malade du diabète et presque aveugle. Elle se change en araignée craintive. Ainsi, les trois personnages évoluent sans même (re)marquer les changements d'état : La conscience de S. peint inlassablement, en toile de fond, et retrouve ponctuellement son alter ego pour des échanges et confidences. La taupe et l'araignée poursuivent leur triste et morne existence, rythmée par les injections d'insuline, les déclarations d'indépendance et les incompréhensions générationnelles.

Direction d'acteurs / recherche plateau/atelier

J'ai choisi de travailler avec trois comédiens complémentaires. S. sera interprétée par une comédienne issue du théâtre gestuel, du corps (Marceau, Teatro del Silencio, Lecoq...), la conscience de S. par une comédienne plasticienne, formée à L'Ecole Jacques Lecoq également, et à l'école européenne des arts et de la matière, Le mari, par un comédien formé à l'Ecole de la Rue blanche, dans les années 70. Je souhaite faire cohabiter un jeu très physique avec un jeu plus épuré, plus réel, plus statique.

Le travail de création commencera par des séances ponctuelles et espacées, de manière à permettre les allers retours entre l'atelier ( scénographie, masque, vidéo, performance plastique) et le plateau. Ces allers retours permettront de mettre en place le dispositif scénique, qui alimente le jeu de la même manière que ce dernier influe sur la scénographie. Des séances de recherche suivront afin d'esquisser une partition pour les trois comédiens, le compositeur et le vidéaste. Ces séances partiront des propositions des artistes au plateau, dans une écriture de l'instant et du corps, avant même l'aspect technique. Le rythme et le corps seront les maîtres mots. Ces expérimentations au plateau donneront le corpus à partir duquel nous fixerons ensemble les points de rencontre avec la dramaturgie.

A cette étape de la création, je souhaite une pause dans les répétitions afin de prendre le temps d'une réécriture. En effet, le texte existant aujourd'hui peut bien voler en éclats, pour servir la spontanéité du plateau, un rythme fluide et une dramaturgie racontée par des éléments disparates. L'enjeu principal étant de jouer avec la frontière du réel et de l'irréel, avec l'équilibre instable qu'implique un parcours pluridisciplinaire au service d'une pièce sociale étrangement surréaliste.

Les deux résidences finales viendront fixer le dispositif. Malgré la structure qui sera bel et bien ficelée, je souhaite travailler à laisser une part d'improvisation dans la performance plastique, vidéo et interactions avec S. afin de préserver l'instant, la sensation « d'entre chien et loup » qui baignera toute l'action, jusqu'à la scène finale.

[CHOIX ESTHETIQUES]

Ecriture / geste d'écriture, écriture du geste

Métamorphoses est une expérience d'écriture de plateau, chargée en images, très visuelle et ancrée dans le corps, dans le geste. Le choix esthétique est double, un témoignage du quotidien d'un couple d'immigrés qui ne s'est pas choisi, des échanges très terre à terre, liés à des préoccupations réelles, la maladie, le travail, le mariage... Puis l'enjeu du « parler étranger »qui cherche son écho au plateau, se déploie alors une langue absurde et poétique où les mots ne s'encombrent plus avec le sens, où la prosodie suffit à servir le corps qui danse le propos. La frontière est floutée entre la langue étrangère et le français tout comme l'hallucination flirte avec le réel, avec la certitude que les cerveaux spectateurs recomposeront ce qui fait sens, comme à la lecture d'un anagramme, faisant fi de l'ordre les lettres, avec le contexte comme appui de confiance.

Scénographie / évolutive et éphémère

Le plâtre sera le matériau principal de la pièce. A chaque représentation, une structure nue, qui au fil du jeu et de la gâche, s'habillera de tissus plâtrés, dévoilant les surfaces à peindre, à animer. Scène première : S. et son double confectionnant un cocon de plâtre autour d'elle. Puis, un appartement, trois pièces, trois espaces de murs blancs, le décor peint petit à petit au pinceau noir. La buanderie, le salon, la chambre, autant de surfaces à recouvrir, à illuminer de projections psychédéliques. Dans chaque pièce un meuble : un lit, un fauteuil, une machine à laver le linge. Trois accessoires permettant manipulations et subterfuges, réalistes, se découpant de la simple évocation du reste du décor de plâtre. Afin de passer d'une scène à l'autre dans chaque pièce, le dispositif scénique entrera en branle pour dévoiler une nouvelle face. Durant tout le spectacle, le personnage voilé, la conscience de S. peindra insatiablement les surfaces verticales, de manière brute et répétitive à la peinture noire et au plâtre. Il assemblera également des plaquettes alu de médicaments entre elles, pour réaliser le costume final de la métamorphose de S. Les plaquettes auront été collectionnées par S. en charge du traitement et des soins du mari diabétique. Le dispositif saura marier la modernité (dans les formes géométriques du dispositif et la vidéo) et le chimérique suranné de la peinture naïve de style art brut dans cet appartement mal vieilli de cité dortoir. Le challenge est d'exploiter au mieux le matériau plâtre, de maîtriser son temps de prise pour créer volumes et surfaces.

Masques / illusion de la conscience, conscience de l'illusion

Inquiétants, les masques (résine ), présents en vidéo et en direct, auront des airs de rostres d'insectes mandibulaires. Dans la semi-pénombre, apparaitront ces silhouettes inhumaines de manière furtive, évocatrice. Ils apparaissent durant les hallucinations de S., provoquées par son isolement langagier. Pour le mari et sa métamorphose en taupe, masque et costume seront de mise pour en faire cette bête aveugle, lente, fouissante et bedonnante. Les masques figurent des créatures nés des hallucinations de S., le spectateur voit alors ce que croit voir S., l'action se poursuit cependant comme si de rien était.

Vidéo / l'illusion partagée

Partie prenante de la scénographie et de l 'action, les projections vidéos vont soutenir les parties hallucinatoires, créer un univers chimérique, s'entrelacer avec les personnages et la musique. La création vidéo aura été réalisée en amont par Joris Jopenart, en lien avec la mise en scène, la composition de la musique et inspiré par le monde animal, grouillant, sombre, visqueux mais aussi par un imaginaire plus moderne, comme pour souligner le rapport entre le réalisme et l'onirique qui habite la pièce. Evolutive comme le décor, la présence de la vidéo croit au rythme des nouvelles surfaces sur lesquelles projeter. La vidéo permettra également de démultiplier les performances plastiques sur l'ensemble des surfaces.

Musique / partager l'illusion

Le compositeur, présent sur le plateau pour accompagner les parties plastiques, les métamorphoses et la projection vidéo alternera contrebasse en direct et bande son, afin de nourrir ambiances éthérées aussi bien que les atmosphères plus chaleureuses, incarnées. La couleur contemporaine pourra prendre des tons traditionnels, jouer avec rythmes endémiques de chaque culture, mais aussi perler, par vagues, de musique bruitiste, en fonction de l'action. C'est ce passage entre musique mélodique, tonale, rythmique et concrète, sonore, électronique qui, comme le font les autres disciplines au plateau, accompagnera la juxtaposition Réalisme/chimérique filée durant le spectacle.




[CALENDRIER]


  • Novembre - décembre 2017: lectures notamment autour de la thématique des métamorphoses
  • Fin décembre 2017-janvier 2018: Ecriture du premier jet
  • Février - avril 2018 : Ecriture en résidence à Rodelle ( Aveyron) et dans le cadre « d' A mots découverts », laboratoire d'auteurs, dispensé par Harmoniques sous la direction de Carole Drouelle et Michel Cochet.
  • 8 juin 2018: Etape de travail au Chapiteau de La Fontaine aux Images (lecture)
  • 25 septembre : auditions
  • septembre - décembre 2018: séances de recherche
  • Octobre- Février 2018 : Parcours art et culture au Collège autour de Métamorphoses
  • 21 janvier au 1er février 2019: résidence de création (Gare au Théâtre -Vitry sur Seine), Résidence autour de la création musicale à L'Odéon à Tremblay en France.
  • semaine du 18 février : tournage de la scène collective de mariage de S. 
  • Mars 2019 : résidence de création au Chapiteau de La Fontaine aux Images
  • Représentations au printemps 2019 : Chapiteau de La Fontaine aux Images
  • Représentations à Vitry-sur-Seine, Gare au Théâtre en juin 2019.

[INSPIRATIONS...]

  • L'âne d'or d'Apulée
  • La métamorphose de Kafka
  • Le nez de Nicolas Gogol
  • Les chants de Maldoror de Lautréamont
  • Rhinocéros de Ionesco
  • Les Métamorphoses d'Ovide
  • Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir de Lewis Caroll
  • Métamorphoses de l'âme et ses symboles de C.G. Jung
  • Le mythe de la métamorphose, Pierre Brunel
  • Marionnettes d'Ilka Shonbein
  • Jean Dubuffet et l'art Brut
  • Frida Kahlo



THEATRE

MASQUES

ART BRUT
VIDEO MAPPING


Une production de la Cie La Fontaine aux Images

Ecriture et mise en scène de Lisa VALVERDE


Avec Jean-Marc Albert, Antonia Vasilakou et Ingrid Tegyey
Eric Bécavin & Guillaume Moretto : scénographie
Denis Rézard : musique
Claire Robiche : Vidéo Mapping
Margaux Sanglier : costumes

Les dernières étapes de la création en images...

Répétitions au Chapiteau de la Fontaine aux Images 11 mars 2019

Tournage de la scène 2 aux Ateliers Médicis les 18 & 19 février 2019.

Résidence à la Gare au Théâtre - Vitry sur Seine - du 21 janvier au 1er février 2019

Résidence de scénographie... Octobre 2018


Confection des masques et répétitions - novembre 2018

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